Débat-Concert. La crise du disque : un danger pour la création musicale ?
Les
invités ont exposé la situation actuelle au sujet de la crise du disque, à
savoir si celle-ci était un danger pour la création musicale. Il faut avouer
que seules 20 personnes se sont déplacées, ce qui est bien dommage puisque les
réponses à la question n’étaient pas inintéressantes
et surtout parce que nous sommes tous concernés.
Tout
d’abord, selon le professionnels, il apparaît que le prix d’un CD, par rapport
à sa production, n’est pas si élevé. La crise du disque est notamment due à une
perte de conscience générale par rapport à la musique en générale, c’est en
fait une habitude culturelle, sociale, que les consommateurs (puisque c’est
bien ce que nous sommes) ont prises. Il paraît presque normal de nos jours de
télécharger illégalement de la musique, habitués à la gratuité (notamment dans
la presse), c’est en toute impunité que des millions de français s’adonnent à
ces pratiques. Le danger est que les jeunes générations ne connaissent que le
support numérique de la musique. Cependant il faut bien avouer que les
nouvelles technologies facilitent la vie en matière d ‘écoute
musicale : plus besoin de se trimbaler sa discothèque pour écouter ses
albums préférés, la musique est devenue nomade. Mais si la valeur de la musique
a été quelque peu perdue, on n’en a jamais autant écouté.
Alors
évidemment on cherche des responsables, qui ne sont finalement peut-être pas
les consommateurs mais les fournisseurs d’accès ou les fabricants de lecteurs
MP3, et pourquoi pas de graveurs, de CD vierges.
la TVAIl
faut savoir, à titre indicatif, qu’un CD produit vendu par exemple à 5€, est
revendu environ 20€ par des magasins. Une solution pourrait être d’enfin mettre la TVAà 5,5% sur
la musique, qui serait alors considérée comme un produit culturel, mais les
professionnels ont peur que ce soient les magasins qui fassent encore du profit
en « grignotant » sur les salaires de la chaîne de production,
rendant celle-ci encore plus vulnérable.
Un
autre fait est à révéler : la musique téléchargée légalement sur Internet
rapporte moins que la vente d’un CD (en tant qu’objet), par exemple, un titre
téléchargé payé 90 centimes, n’en rapporte que 30 aux producteurs. Un autre
problème survient avec la numérisation des titres : il n’y a plus la
traçabilité qu’il y avait sur un CD.
Les
propositions parmi les très nombreuses qui ont été soumises en guise d’exemple
ont été d’instaurer le prix unique des CD, pour ne pas les voir à des prix
différents dans divers magasins, et que le prix d’un album n’oscille pas sans
raison un mois après sa sortie.
Quand
au phénomène Myspace (plateforme sur laquelle des artistes mettent en écoute et
parfois en téléchargement leur musique pour se faire connaître), les avis étaient
partagés, certains l’encourageaient car ils permettent un échange direct entre
l’artiste et le public, alors que d’autres voyaient en ce site un effet de mode
qui finirait par être payant. (J’ai d’ailleurs appris que le groupe Arctic
Monkeys avait avoué ne pas avoir été découvert sur Myspace, ceci étant une
opération marketting de la part de leur maison de disques).
Je
pensais que le fait de rendre le support attrayant faisait vendre plus, puisque
je suis plus sensible à des digipacks cartonnés et travaillés qu’aux boîtiers
cristal, or apparemment, les ventes n’en sont pas forcément meilleures et les
prix de fabrications plus élevés.
La RochelleCe débat s’est finalement conclu sur le fait que la crise du disque n’est pas un danger pour la création musicale, (puisque il n’y a jamais eu autant de groupes qui envoyaient leurs maquettes, même si l’amateurisme demeure difficile à produire et faire tourner), mais pour les métiers qui vont devoir évoluer, et peut-être pour certains disparaître. Il faut espérer de la part des jeunes et du public en général un retour vers les concerts. Pour cela encore faudrait-il que des lieux soient prévus à cet effet à La Rochelle (lieu de la conférence).
Julien Prével